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Cultivons la curiosité

Ratatouille

Le DVD.

Le DVD.

Après avoir réalisé "Les Indestructibles" en 2004, et avant de diriger Tom Cruise ou George Clooney en live, Brad Bird a fait, avec Pixar, un petit film ne payant pas de mine : "Ratatouille". On reste dans l'image de synthèse chère au studio, et surtout, je pense que pour les cons de français et les gentilles françaises que nous sommes, le film possède l'attrait de se dérouler à Paris. Capitale d'un pays dont je ne me souviens plus le nom. Et si il y sera question d'un rat, ce n'est pas aussi péjoratif que cela en a l'air. Comme son titre l'indique, il y sera question de nourriture, de cuisine plus précisément. Ou comment un rat de campagne va-t-il se retrouver à faire la cuisine dans un des restaurants les plus réputés de la capitale. Le film sort en 2007, obtiendra l'Oscar du meilleur film d'animation la même année, et se regarde aussi bien en VOSTFr (ou VO tout court) qu'en VF. Cette dernière est excellente, mais vous enlève le plaisir d'entendre parler français alors que tous les personnages s'expriment en anglais, sans parler des accents sur les mots francophones. Donc la VF est très bien, et pourtant je vous conseille la VO savoureuse, surtout si on pige la langue de Franck Ribéry.

Vidéo de Films YouTube.

En plus j'ai une histoire un peu spéciale avec ce film. Si je ne me souviens pas trop des dates, je suis certain de l'avoir loué en VOD, je ne sais plus si c'est sur Orange ou Xbox Live. Je l'avais vu en VF, parce que voilà quoi, et j'avais tellement aimé que je l'ai revu en VOSTFr durant les 48 heures de location. La première et unique fois de ma vie que j'ai vu 2 fois le même film en 2 jours. Puis finalement je l'ai acheté en DVD, qui débute pas une tonne de bande annonce, prévoyez soit 15 minutes, soit de les zapper. Je ne parlerai pas des bonus, que je n'ai pas vu.

De quoi s'agit-il? Rémy est un rat des champs, donc moi j'appelle ça une souris ou un mulot, mais peu importe, et il se trouve qu'après une introduction assez violente (rien n'est montré mais on devine le jeune animal se faire pourchasser par la mégère de la maison), on découvre notre héros. Il n'a pas de chance pour un rat, il a un sens aiguisé du goût, mais aussi de l'odorat. En suivant les émissions du chef Gusteau, ou du moins ses entrevues, en lisant les livres du même cuisinier, Rémy a appris à lire et à aimer cuisiner. Il a appris à associer les ingrédients afin d'en faire un feu d'artifice culinaire. Ceci ne plait pas à son père, qui ne voit pas l'intérêt, alors que son frère mange n'importe quoi.

Le film est assez long pour de l'animation, 1h45, et pourtant on ne s'y ennuie presque pas. L'introduction en campagne est bien réalisée, on découvre la colonie vivant dans le grenier d'une maison isolée habitée par une vieille dame. Celle-ci n'hésitera pas à user de son fusil quand elle apercevra Rémy. Ce dernier est choqué par la nouvelle du suicide de Gusteau (dont le restaurant perdit une étoile suite à une critique assassine de Anton Ego) et met un temps à réagir tandis que la colonie fuit. Le jeune animal se retrouvera séparé de sa famille et ses amis, dans une ville inconnue. Entre la campagne et la ville nous avons eu droit à une scène qui se veut spectaculaire et qui l'est. Techniquement, même plus d'une décennie après sa sortie, le film tient la route, entre les pelages, les yeux, les effets d'eau, seuls les humains ont un design un peu bizarre, mais on ne demande pas à Pixar de faire du FF : Spirits Within non plus.

Je n'ai pas trop dit, mais au niveau des voix, on retrouve Pierre-François Martin-Laval dans le rôle du frère empoté de Rémy, ce dernier est doublé par Guillaume Lebon, très bon pour le coup, Bernard Tiphaine (connu pour faire la voix de Chuck Norris notamment) est le critique gastronomique Ego, enfin bon, le cast français et très bon. Mais continuons un tout petit peu le film, histoire de ne pas tout gâcher. Rémy va se retrouver par un pur hasard, à rattraper une soupe que le nouveau commis aux poubelles avait gâché. Suite à une très belle mise en scène (une fois de plus), Rémy se retrouve à apporter la touche finale à la soupe sous les yeux du jeune commis Alfredo Linguini. Dès lors (et après une petite adaptation), ils deviendront inséparables, Rémy "pilotant" Alfredo sous la toque de ce dernier.

Je ne vais pas plus loin dans le récit, histoire de ne pas être trop lourd et de ne pas trop en révéler. Ce film est une mise en abîme dans le monde de la cuisine. Il commence de façon horrible, par le suicide du chef Gusteau, directement inspiré de la vie du grand chef Bernard Loiseau (qui se suicidera en 2003), pour se conclure de simple et fort belle manière. D'ailleurs le chef Gusteau a une belle réplique "n'importe qui peut cuisiner", et cela sera mis en image à travers un rat. Nous y voyons donc les difficultés d'un restaurant gastronomique, mais aussi et surtout la pression des médias, des critiques, pouvant faire perdre du prestige au restaurant pour un petit détail. Les critiques passent pour des gros blasés d'ailleurs, à travers Ego, qui porte bien son nom. Je ne peux pas spoiler, mais le vrai grand méchant serait plutôt le sournois Skinner, qui veut exploiter à fond l'image de Gusteau, quitte à écorner son image sur des paquets de chips ou je ne sais plus quoi, le nom fait vendre et le remplaçant du grand chef veut en profiter.

Il y a aussi l'équipe en cuisine, dont certains membres sont inquiétants, et pourtant tous très bons dans leur domaine, car Gusteau leur a donné une chance. Ceci rappelle un peu les émissions culinaires en vogue dans cette période, on passera vite fait sur "Cauchemar en cuisine" avec Gordon Ramsay, et je pense plus aux émissions que faisaient Cyril Lignac où il donnait la chance à des non cuisiniers, même parfois à des jeunes en difficultés scolaires. Enfin je dis ça, mais je n'en sais rien.

Si on ne réchappera pas à la classique embrouille entre amis, Alfredo et Rémy s'énervant l'un contre l'autre pour mieux redevenir amis, ça passe vite. J'ai encore cette image d'Émile (le frère de Rémy) qui s'empiffre de raisin avant de mieux se faire repérer. Ou alors cette image finale, où la cuisine voit des "nuisibles" nous offrir une chorégraphie paradoxale et drôle je trouve. Je spoile un peu, mais franchement, une colonie de rat faisant la cuisine, quoi de plus ironique? Voir Colette avoir la nausée quand elle voit ça montre bien que l'être humain ne peut pas se sortir de ses préjugés, oki les rats sont sales, mais c'est plus leur environnement qui en font des êtres dit "nuisibles". Regardez une souris, c'est meugnon une souris, car son environnement est le grenier d'une maison, un peu poussiéreux, mais pas vecteur de maladie, tandis que pour le rat, on l'imagine dans les égouts, en train de faire les poubelles. Dois-je vous dire que les chats, chiens, et autres animaux meugnons peuvent aussi faire les poubelles ? Sans rire. Bon, je n'irait pas jusqu'à adopter un rat, mais je trouve que l'imaginaire de l'humain en vient un peu trop facilement à catégoriser des êtres assez innocents. C'est vrai que l'humain est assez con pour ne pas aimer telle personne car elle ne croit pas au même Dieu qu'elle (ce qui est débile par définition mais passons), ou qui n'a pas la même couleur de peau (sommet de débilité mais passons aussi).

Mince, j'ai quelque peu vrillé, excusez-moi en. Sachez juste que ce film est beau, très bien réalisé, et qu'en plus il possède un scénario qui plaira aux jeunes et moins jeunes. Il y a plusieurs façon de le voir. Le côté rigolo de voir un rat diriger un humain et faire la cuisine. Ou alors la critique du monde journalistique, tellement blasé qu'ils en oublient la simplicité, ils en oublient d'où ils viennent, ils sont devenus des gros cons quoi. Sans oublier cette envie de faire du pognon sur une image, quitte à faire du caca, peut importe tant que ça rapporte. Donc bizarrement, je trouve que "Ratatouille" est un des meilleurs Pixar, parfaitement équilibré (plus que "Wall-E" qui devient n'importe quoi à partir du moment où le robot quitte la Terre), et je le préfère aux "Indestructibles" (que je dois le revoir quand même avant d'en être sûr). Je ne peux que vous le conseiller, malgré le côté un peu cliché de la France auquel on ne peut échapper du moment que des étasuniens parlent de notre pays. Ceci dit c'est fait avec classe et respect, donc ça passe. Un film à posséder, à voir et revoir, en famille ou non. J'ai adoré.

@+

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