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Cultivons la curiosité

Vivre et laisser mourir

Vivre et laisser mourir

C'est pour la troisième fois depuis la création de la saga cinématographique que Guy Hamilton se retrouve à réaliser un James Bond. Ce sera aussi le troisième visage différent de l'agent 007, depuis le début, mais aussi lors des trois derniers films. Alors que ce chiffre, 3, semblait convenir à ce renouveau de la saga, il s'agira en fait du deuxième roman de Ian Fleming qui sera adapté. "Vivre et laisser mourir" sort en 1954 en livre, et verra son adaptation cinématographique arriver en 1973. Rythme classique des films produits par Harry Saltzman et Albert R. Broccoli. Un long métrage débarque tous les 2 ans dans les salles obscures.

Du coup, après la volonté d'arrêter de porter le costume de la part de l'emblématique Sean Connery, il faudra à nouveau chercher un acteur capable de jouer l'agent secret Britannique le plus connu au monde (bonjour la discrétion du coup). Une fois de plus, les bonus du DVD seront parfaits pour éclairer quiconque veut en savoir plus sur le film. On apprend que Roger "Le Saint" Moore est désigné pour revêtir ce costume. Il l'ignore, mais ce sera une grande histoire d'amour entre Bond et lui, vu qu'il est l'acteur ayant le plus joué ce rôle dans la filmographie dites "EON" (du nom de la boîte de production).

Je m'attarde rapidement sur les bonus, vus en fin de film, qui offrent quelques informations sympathiques avec le making of conté par Patrick McNee. Un record du monde, la recherche du nouveau James, des James Bond girls. Mais aussi les doutes des producteurs et du scénariste (à nouveau Tom Mankiewicz, comme pour le précédent film), car le roman original semble particulièrement raciste. Les protagonistes ennemis de 007 sont tous et toutes Afro-Américain.e.s, délicat à assumer en pleine période de rébellion anti raciste, avec les Black Panther notamment. On apprend qu'un rôle de Shériff raciste blanc sera créé et tourné à la dérision pour éviter que le film ne passe pour raciste.

On trouvera même une pub pour le lait... des bandes annonces cinématographiques, télévisuels et radiophoniques. Le making of de 30 minutes reste le bonus le plus intéressant que je vous conseille de voir à la fin du film, car il est instructif. Mais regardons la bande annonce en version française, tandis que j'ai pu voir ce film en version originale sous titrée en français.

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La scène pré-générique est surprenante. Nous assistons à deux assassinats (ou trois, je ne sais plus). Un à la suite d'une célébration vaudoue assez surprenante, l'autre en pleine rue de New-Orléans, en Louisiane, avec une parade funèbre qui se charge de ce que l'on devine être un agent secret qui surveille un club. Et là, bim, générique. Nous n'avons pas vu le nouveau James Bond ici. Pas d'action survoltée, rien de foufou. On se retrouve face à un générique très travaillé, beau, pas trop érotique (même si on voit quelques seins de femmes), et la musique composée par Linda et Paul McCartney (interprétée par ce dernier) est mémorable. Tout le monde la connaît, et je pense que sur les 8 films, la musique est la plus connue encore aujourd'hui. Le générique est le meilleur jusque là. Bref, le ton est donné, ça va changer.

Il est des choses qui sont immuables. Quand James (Roger Moore) se réveille à côté d'une beauté Italienne, c'est là que nous découvrons le nouveau visage de l'agent 007. Il se trouve que M (Bernard Lee) débarque avec Miss Moneypenny (Lois Maxwell). On ignore pourquoi, mais il semble que M ne doit pas savoir que James a passé la nuit avec la jeune Italienne, une mission en court, ou je ne sais quoi. Miss Moneypenny va aider James à cacher cette relation, on ne sait pas pourquoi... passons. Car notre agent secret va devoir partir en Louisiane pour enquêter sur les assassinats de ses collègues, et surtout mettre la main sur Kananga.

L'accueil est étonnant, déjà, on retrouve Félix (David Hedison), l'agent de la CIA, qui attend son ami, auquel il a laissé un chauffeur. Seulement, ce dernier est assassiné et James manque de peu de mourir dans un accident de voiture. Ici, on constate tout l'humour et la flegme dont fera preuve le James Bond de Roger Moore, il prendra le téléphone d'une voiture de Police pour avertir son ami en lui disant "j'ai horreur de vous appeler pour rien, mais j'ai eu un petit problème"... là, ça fait mouche.

Alors qu'il prend un taxi pour se rendre à l'hôtel où sont la CIA et Félix, il va entrer dans une boutique vaudoue. Et suivre ce qu'il pense être les assassins de son chauffeur. L'occasion pour lui de rencontrer Mr. Big (Yaphet Kotto) et Solitaire (Jane Seymour). Alors qu'il est, en quelque sorte, dans l'antre d'un ennemi, entouré par des hommes armés et surtout surveillé par Tee Hee (Julius W. Harris), l'homme de main au crochet puissant. Alors qu'il est dans cette antre donc, il ne perd pas son flegme, se présentant de façon classique "My name is Bond, James Bond" auprès de Solitaire. Cette dernière est une voyante qui se sert des cartes de tarots pour lire l'avenir.

C'est elle qui avait annoncé à Mr. Big l'arrivée un homme de l'île qui venait au dessus de l'Océan. Et là, une chose va plaire à James, vu qu'elle va sortir la carte "Les amants". En gros, il va certainement pouvoir faire des choses avec Solitaire. Bon, il se sort de la situation grâce à la CIA, et va devoir aller en Jamaïque. L'occasion d'éviter l'attaque d'un serpent, de faire connaissance avec la maladroite agent secrète Rosie (Gloria Hendry). Bon, cette dernière est en fait à la solde de Mr. Big, et va donc mourir. L'agent 007 va rencontrer Kananga, grâce à l'aide précieuse de Quarrel (Roy Stewart) et d'un deltaplane. Ici, il va infiltrer la maison de Kananga et en profitera pour faire zizi panpan avec la prude Solitaire.

Le fait de perdre sa virginité ôte ses visions à travers les cartes de la jeune femme, qui se retrouve du coup effrayée car Kananga va certainement l'assassiner. James arrive à se sauver de Jamaïque avec sa conquête, non sans avoir oublié de comprendre le plan de Kananga (vendre de l'héroïne) et en faisant une jolie course poursuite avec un vieux bus à deux étages typiquement anglais, qui ne manquera pas de perdre son étage après un passage impressionnant sous un pont. Que dire aussi de ce demi tour en dérapant avec le gros bus. Waouh quoi.

De retour en Louisiane, Bond va, non sans avoir détruit un petit avion et effrayé une apprentie pilote, encore se faire enlever par Mr. Big. Ce passage n'est pas trop mal, mais plus drôle que vraiment effrayant. On constate ici que le nouveau James Bond casse énormément de choses. Donc, James est à nouveau en face de Mr. Big, qui lui révèle tout, concernant Kananga et son plan avec l'héroïne (la drogue). L'agent 007 est escorté par Tee Hee jusqu'à un parc à crocodiles. On nous y explique le fonctionnement des reptiles, et qu'il y a même un Alligator (au museau arrondi si j'ai bien compris). Notre héro est laissé au milieu des crocodiles sur une petite île. Il s'en sortira de façon très comique, limite à la façon d'un dessin animé, en se servant des reptiles comme de bout de bois pour retrouver la terre ferme.

Cette scène est expliquée dans les bonus. Kananga est le nom du propriétaire de ce parc, et c'est lui-même qui fera cette cascade, en 5 prises. Son nom sera donné au méchant du film pour lui rendre hommage. Et là, non sans avoir oublié de mettre le feu à la petite cabane des méchants, James s'échappe pour une course poursuite dans les Bayous de Louisiane, à bord d'un bateau rapide. L'occasion de voir une course poursuite dingue.

La course en hors-bord est impressionnante. Elle donnera lieu à un record du monde de saut en longueur en bateau. En parallèle de cette poursuite sur l'eau, le Shériff du coin, J. W. Pepper (Clifton James), va lui aussi courser les méchants dans un premier temps, puis James et les méchants après. Ce personnage est le pur bouseux, comme on l'imagine. Raciste, chiquant du tabac, arrogant, fier, le personnage est tourné en dérision par son accent violent. Ici, que ce soit les équipes du Shériff ou la Police de l'état de Louisiane, tout le monde est moqué. Il n'y a qu'à voir les voitures de Police empilées à un moment, moins impressionnantes qu'un "Blues Brothers" ou "Taxi", mais quand même.

La scène est longue et alterne les cascades en bateaux sur l'eau ou terre, et la "comédie" du Shériff. Pour se terminer de façon illogique (qu'attends le méchant pour se servir de son fusil ?). On reverra toute la flegme de James qui, en rentrant au port attendu par Félix et surtout un Shériff furieux, respectera les 3 nœuds pour accoster.

Le final sera digne des bons James Bond. On retourne en Jamaïque, qui est en fait l'île fictive de San Monique, j'ai confondu lieu de tournage et nom dans le film, désolé. L'occasion d'affronter le Baron Samedi (Geoffrey Holder), le prêtre vaudou qui semble avoir plusieurs vies. Mais aussi mettre fin à la vie de Kananga, non sans avoir échappé de peu à la mort avec Solitaire. La mort de Kananga est ridicule, mais ça passe je trouve. Tout ceci se déroule dans une base secrète digne d'un vrai méchant de James Bond. On retrouve un ultime combat, comme lors du film précédent, dans un train, qui nous rappelle l'excellent "Bons baisers de Russie".

Et voilà, c'est fini, et on sait que le prochain film se nommera "L'Homme au pistolet d'or". Alors que dire. On retrouve la structure ennuyeuse de "Les diamants sont éternels", mais avec plus d'action et de casse. J'ai commencé à aimer le film vers 1h20 (sur 2h00) de film. Lors de la scène en hors-bord. Les autres scènes d'action paraissaient trop comiques pour vraiment me captiver. Pourtant, celle à bord du bus à impériale, était sympa après coup. J'ai un peu de mal avec l'humour omniprésent ici. Mais pourtant, grâce à Roger Moore, ce nouveau Bond me plaît. Il apporte du flegme et une sorte d'humour bien plaisant. Ironique alors que je viens de dire que l'humour me déplaisait dans ce film. Quand je dis cela, c'est à cause des scènes de cascades qui se veulent drôles. Celle dans un petit avion est inutilement drôle je trouve, et ça me dépite un peu.

Roger Moore apporte sa touche. Beaucoup moins sexiste (et violeur) que les James Bond précédents, il possède moins de gadgets (Q est absent du film d'ailleurs). Pas de voiture non plus. Ceci pourrait décevoir, mais l'adversaire et ses hommes de main sont excellents. Le cast est impeccable. Jane Seymour et Gloria Hendry sont très belles, Yaphet Kotto, Julius W. Harris, Geoffrey Holder font de très bons adversaires. Nous sommes donc en face d'un bon divertissement, un peu ennuyeux au début, mais qui fait le boulot pourtant. Je sais, c'est paradoxal ce que je dis, mais sur le coup j'ai eu l'impression de m'ennuyer. Alors qu'en fait, en y réfléchissant à froid, j'ai beaucoup aimé la première partie malgré tout. Si en plus on ajoute un générique bien fait, et une musique marquante, oui, je pense que nous avons là une excellente aventure de l'agent 007. En plus on peut visiter un bout de Louisiane et on délaisse SPECTRE un moment, ce qui fait du bien. Oui, je l'ai aimé et vous le conseille. Vivement le prochain.

@+

P.S. : Ah oui, et Roger Moore s'impose beaucoup plus facilement que George Lazenby en son temps. Il change la démarche de Bond, sa boisson préférée (qui devient un Bourbon sec), fume le cigare et, tout en restant charmeur, force beaucoup moins les femmes.

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