Ninja Turtles : Teenage Years

Alors, pour ma part, le film dont nous allons parler aujourd'hui sort un peu de nulle part. J'avais vaguement entendu parlé d'un nouveau film d'animation avec les Tortues Ninja, qui aurait droit à un style graphique inspiré par "Spider-Man : New Generation". Assez pour me dire : "OK, on verra quand il sortira". Seulement, la date est arrivée rapidement, puisque c'est depuis le 9 août 2023 que nous pouvons le voir au cinéma en France.

D'ailleurs, précisons que l'animation de ce film de 1h40 fût confiée aux studios Cinesite, basés au Canada, ainsi qu'à Mikros Image, un studio français. Si on retrouve Seth Rogen à la production, il est assisté par Evan Goldberg et James Weaver. Il me semble bien qu'il est aussi coscénariste, mais la page wikipédia française du film n'indique que Brendan O'Brien à ce poste. Tandis que c'est le duo de réalisateurs Jeff Rowe et Kyler Spears qui se charge de la mise en scène.

Depuis "Ninja Turtles 2" en 2016 (film honorable j'ai trouvé, après, c'est une question de goût), plus de nouvelles des Tortues. La tâche était ainsi compliquée, car comment raconter à nouveau la même histoire, avec de plus l'avancée technologique acquise depuis 1984 ? Est-ce une bonne idée de tenter une relance, avec certaines idées de Nickelodeon (qui détient les droits il me semble ?) ? Les Tortues de mon enfance ont-elles perdues quelque chose aujourd'hui depuis les débuts sombres mis en pages par Kevin Eastman et Peter Laid ? C'est ce que nous allons voir ici. Bande annonce en version française, soit de la façon dont j'ai vu ce film.

Vidéo de Paramount Pictures France

Vous avez pu le voir, le style graphique, pardon, je ne sais pas comment on dit, la direction artistique, est ultra artistique pour le coup. On repense aux films Spider-Man animés récemment, et ça le fait trop. Mais parlons de l'histoire. Tout débute alors que la firme TCRI lance une attaque contre le laboratoire de Baxter Stockman (Frantz Confiac). Ce dernier a développé un fluide qui rend les animaux anthropomorphiques. Il aurait un spécimen ainsi que de nombreuses recherches avancées à ce sujet, et Cynthia Ultrom (Audrey Lamy) veut tout ça.

Tout ne se passe pas comme prévu, et après une grosse bagarre, le spécimen s'en va avec quelques autres expérimentations de Stockman. Un tube de son fluide se retrouve dans les égouts. et nous voilà 15 ans plus tard à ré-apprendre qui sont les Tortues. Leonardo (Jean-Stan Du Pac), Michelangelo (Kylian Trouillard), Donatello (Aloïs Agaësse-Mahieu) et Raphaël (Arthur Raynal) ont une mission. Leur première grande mission. Faire les courses pour leur papa Splinter (Gérard Darmon). Mais sans se faire repérer par les humains, êtres immondes qui ne voudraient que les "traire".

L'occasion d'avoir une scène d'action impressionnante alors qu'il s'agit juste de faire des courses. D'ailleurs, je ne vois pas l'utilité de voler dans un camion en marche, mais c'est bien mis en scène, donc ça passe. Les garçons veulent, comme à l'accoutumée (ce qui me fait dire que ce n'est pas forcément leur première "mission"), faire un détour et aller voir un film en plein air. L'occasion de jalouser les humains, qui ont de belles vies. Connaissent le lycée, les amourettes.

Au retour, ils se font enguirlander, l'occasion pour Splinter de raconter leur histoire, comment de rat d’égout solitaire il s'est retrouvé à éduquer 4 bébés tortues qui nageaient dans un fluide fluorescent. Fluide qui les rendit presque humain, Splinter aussi. Je vous laisse découvrir comment tout ce petit monde apprend les arts martiaux, c'est bien trouvé et marrant comme tout. Splinter explique (je ne sais plus si c'est ici) sa mauvaise expérience avec les humains lors de sa seule tentative de se mêler à la foule.

En parallèle, un être nommé Superfly (Sofiane Zermani alias Fianso) dérobe des technologies avancées de façon violente. Encore une fois, la scène d'action est magnifique, et on se doute de qui est Superfly. Mais alors que les Tortues ont purgé leur peine de 1 mois sans sortir, elles s'entraînent et vont malencontreusement faire la rencontre de April O'Neil (Jaynelia Coadou). Je vous laisse découvrir comment. Une nuit qui va changer leur vie, et les pousser à lutter contre Superfly.

Si le scénario nous rapporte juste les premières batailles des Tortues (et même de Splinter), il est clair et nous promet moult péripéties divertissantes. De la petite baston dans un garage à sauver New York d'un monstre exceptionnel (j'ai kiffé la fin, j'vous raconte pas pourquoi), on a droit à une belle évolution de tout ce petit monde. Une action pas frénétique, mais efficace. Bien que dans le combat mêlé pour stopper la machine de Superfly, la réalisation nous perd un petit peu ici. Rien de grave.

Si le récit s'écarte avec beaucoup d'humour de l'œuvre originelle, il n'en demeure pas moins qu'il est passionnant de redécouvrir une nouvelle histoire d'origine (ou origin story dans la langue de Ice Cube). D'ailleurs, parlons de la distribution vocale. En version originale, entendre Ice Cube en Superfly, John Cena, Seth Rogen, paraît logique. Que dire de Jackie Chan en Splinter, où ce personnage nous offrira une séquence digne des films du Chinois virevoltant. J'ignorais que c'était lui en version originale, mais en voyant la scène, on l'imagine sans aucun problème user de tous les accessoires possibles, avec cet humour spécial et diablement efficace.

La VF quand à elle s'offre Anne-Claire Coudray en petit rôle de présentatrice télé, Alison Wheeler, Laetita Casta, Monsieur Poulpe en invités. Alors, franchement, ça passe. Même si je trouve que Sofiane fait plus banlieusard que Gangsta, mais sa voix grave fonctionne, et pour une première expérience, on ne peut pas dire grand chose. Bon, Audrey Lamy est beaucoup trop reconnaissable, mais s'en sort. Pour les autres on ne comprend pas trop trop ce que leurs personnages disent, ou alors on oublie rapidement leurs répliques, donc rien de choquant.

Il est par contre énormément dommage de ne pas avoir pensé (ou de ne pas être arrivé à convaincre) William Coryn pour Splinter. Cela aurait eu beaucoup plus d'impact je pense. Même si Gérard Darmon interprète un Splinter plus tranquille, plus âgé, limite paumé. Et que ceci marche... enfin c'est vite dit, mais ça ne choque pas je trouve.

En fait, la distribution française passe, mais je suppose que la version originale, pour le coup, doit carrément mieux fonctionner. Ceci dit, seules les personnes trop exigeantes trouveront à rechigner. D'ailleurs, parlons des personnes qui chouinent parce que ce ne sont pas les Tortues originales, râlent sur le look d'April (qui est pourtant parfaite), et se roulent par terre en tapant des poings au sol parce qu'on a cassé leur joujou préféré et que ces personnes se sentent attaquées. Il ne faut juste pas les écouter. Le film est excellent, que l'on aime ou non les Tortues Ninja.

Oui, on pourra regretter une version française faisant un peu trop de place au star system, qui aurait, je pense, pu être nettement meilleure, mais reste audible. Par contre, pleurer tel un bébé parce que ça ne ressemble pas aux Tortues que l'on a connu, il n'y a que les gens qui ont connu la Tortuemania des années 90 pour dire que ce film est "mauvais". Car il ne l'est pas. Un superbe divertissement, pour tout le monde. Qui distille des "easter eggs" (clin d'œil) à l'univers des Tortues depuis leur début. Ah, si, pardon, là je vais chouiner, mais le titre français est insupportable. "Ninja Turtles : Teenage Years", alors que littéralement, l'aspect "ado" (teenage) est dans le titre original "Teenage Mutant Ninja Turtles : Mutant Mayhem", je trouve ça stupide. Mais la volonté de raccourcir le nom et le rendre plus facilement prononçable se comprend (même si j'ai demandé une place pour "Les Tortues Ninja s'il vous plaît").

Décidément, pour ma part 2023 est une énorme année niveau film d'animation. "Le Chat Potté 2 : La dernière quête", "Suzume", "Super Mario Bros, Le film", "Spider-Man : Across the Spider-Verse", "The First Slam Dunk" et maintenant "Ninja Turtles : Teenage Years", nous sommes gâté.e.s. Je place largement le film du jour au niveau de tous ceux que je viens de citer. J'ai adoré le voir au cinéma qui plus est. Et je vous le conseille fortement. Même si je ne l'ai pas vu en VO (et si vous y allez sans enfants ou personnes ayant du mal à lire évidemment), essayez d'esquiver la VF. Pas mauvaise, mais je suppose que la VO est plus savoureuse. Si ça se trouve je dis une grosse ânerie, ce qui ne changera pas de d’habitude. À l'instar de "The First Slam Dunk", allez les voir s'il vous plaît, ce sont des films qui méritent votre attention et sont un régal au cinéma. Quelle année pour le cinéma d'animation quand même.

@+

P.S. : C'est un des rares films que j'ai vu le jour de sa sortie au fait, un exploit pour ma part.