Garfield Gribouille - Tome 69

Beaucoup de retard dans le traitement des tomes de Garfield, mais comme le dirait le chat créé par Jim Davis, il faut savoir prendre son temps, rien ne presse. Cependant, on peut dire que la version française reliée est particulièrement en retard par essence. Ainsi, ce 69è tome des aventures de Garfield est sorti en octobre 2019. Alors que les gags datent de fin 2014. 5 petites années d'écart, que l'on combinera au fait que ce n'est pas une "intégrale" à proprement parler, vu que... oh, attendez, on se donne rendez-vous au prochain paragraphe car je viens de constater un truc fou là.

Le tome 68 avait des gags de 2015, dans la première moitié de cette année. Ici, le tome 69 traite la période d'octobre 2014 à janvier 2015, soit avant le précédent. Et là vous vous dites : "C'est quoi ce délire ?". Je l'ignore. Par contre on retrouve la structure bien connue du comic strip à 3 cases, qui offre des gags rapides et plus ou moins efficaces. Parfois, la page du dimanche (je l'appelle ainsi sans savoir si ce gag sur une page complète est bien diffusé ce jour-là) donne une histoire un peu plus longue, mais toujours avec la même sobriété.

Car Garfield, c'est un univers restreint. Peu de personnages, Jon, le maître/colocataire de Garfield, Odie, le toutou du foyer, et Liz, la compagne de Jon et vétérinaire du héros de cette BD. D'autres personnages gravitent autour de ce microcosme, mais ils sont peu présents. Ici, nous ne verrons pas Nermal par exemple, le chaton le plus mignon du monde. Mais Arlene, la copine de Garfield sera bien là. Nous ne verrons pas non plus la famille de Jon.

Cependant, malgré le choix étonnant de mettre des gags plus anciens, nous constatons que ça fonctionne toujours. C'est la force de cette BD. Elle s'avère intemporelle, contrairement à "Snoopy et les Peanuts", plus marquée dans son temps. Ici, hormis un brin de changement technologique, comme l'arrivée d'internet ou les smartphones, rien ne permet de positionner l'histoire dans le temps. Les décors sont vides, on reste essentiellement dans la maison de Jon, parfois il y aura un passage dans le jardin, et c'est tout. Pour ce tome 69 du moins.

Ceci contraint Jim Davis à une inventivité en terme de gag, qui doit se renouveler jour après jour (le comic strip est quotidien). Donc on retrouve des situations qui peuvent invoquer d'autres gags précédents. Le fait que Garfield ne chasse pas les souris, ici fortement présentes. Mais avec un léger changement, qui se fait par touche et qui fonctionne. Garfield et les animaux (parfois même certains objets) pensent. Sans que les humains ne puissent les entendre. Ceci offre des passages réussis, comme quand une souris vient demander à Jon de la courser et que Garfield apparaît en râlant comme quoi c'est le chat qui doit tout faire dans cette maison. La tête de Jon qui ne comprend pas ce qu'il voit est hilarante.

On retrouve les araignées aussi, l'excitation de la période de noël (ce qui explique peut-être pourquoi le tome 69 traite cette période alors que le 68 parlait plus du printemps). Les questionnements de Jon, mais aussi l'aménagement rapide d'un rat dans la cave, qui ne restera pas longtemps. Évidemment, le long des 48 pages, il y a des gags qui ne fonctionnent pas. Mais dans l'ensemble, les personnalités du faible nombre de personnages s'avèrent tellement drôles, que ça marche.

Un tome qui traite étonnement la période avant le tome précédent. Mais qui prouve bien que qu'importe comment on aborde la BD, elle sera toujours plus ou moins efficace dans ses gags. J'aime toujours autant, c'est vite lu, et si ça ne force pas à réfléchir fortement, on peut tout de même se poser quelques questions existentielles. Bon, j'abuse là, désolé. Mais Garfield reste une BD agréable à parcourir, avec ses hauts et ses bas, mais qui donne tout de même la banane, que l'on connaisse ou non l'univers du chat le plus paresseux de la bande dessinée. À lire je pense.

@+