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Cultivons la curiosité

Le retour des morts vivants

Le retour des morts vivants

"La nuit des mort-vivants" du regretté George A. Romero a redéfini la notion de "mort vivant", offrant un souffle moderne au mythe zombie, qui trouvait ses origines dans le vaudou des caraïbes. C'était en 1968, et ceci marquera un début de l'exploitation du "nouveau" zombie au cinéma. Un peu timide au début, c'est l'exceptionnel "Zombie" (ou "Dawn of the dead") du même réalisateur qui enfoncera le clou et poussera la sortie d'une quantité astronomique de pellicules centrées sur cet étonnant personnage devenu désormais iconique.

 

Une mode qui va péricliter à la fin des années 80, après avoir offert 2 monuments majeurs du zombie, le plus intimiste et militaire "Le jour des morts vivants" et son pendant fun, punk, rock, délirant, "Le retour des morts vivants". Soit le film que nous voyons aujourd'hui. Pour être complet, notons une tentative de donner un second souffle au zombie dans les salles obscures, en 1990, avec une réinterprétation par Tom Savini de "La nuit des morts vivants", qui est situé en queue de la comète zombiesque si j'ose dire. L'exploitation à outrance, avec son lot de films réellement mauvais (on ne parle pas de nanars ici, mais de navets), aura eu la peau d'un être que l'on croyait immortel.

 

"On ne peut pas tuer ce qui est déjà mort", voici une phrase souvent entendue dans les films impliquant une renaissance des morts. Et c'est en 1996 que la nouvelle vague zombiesque va déferler, mais à travers un magnifique hommage aux films de Romero, avec "Resident Evil". Le jeu réalisé par MIKAMI Shinji installe définitivement le zombie comme personnage de la pop culture, qui, 28 ans après, perdure encore de nos jours avec ses nombreuses évolutions. Un zombie qui court, parle, utilise des objets, c'était impensable dans les années 60 à 90. Pourtant, un film introduira tout ça, ou du moins le rendra populaire, dès 1985. Vous l'avez deviné, je parle bien de la réalisation de Dan O'Bannon (et non pas "El ataque de los muertos sin ojos" de Amando de Ossorio, merci wikipédia). Film de 1h30 dont je vous invite à en regarder la bande annonce.

Vidéo de LE CHAT QUI FUME

J'aurais pu, dû, introduire cette chronique en présentant la petite structure qu'est l'éditeur LE CHAT QUI FUME, mais je pense que le meilleur moyen de vous vendre ce film, c'est d'en parler en louant la qualité de ce BluRay. Plein ras la gueule de bonus, c'est surtout l'image magnifique ainsi que le son parfait qui interpellent. Comment un film de presque 40 ans peut-il être aussi beau ? Il n'y aura aucun choc avec ce BluRay de 2017, qui vaut largement le montant demandé qui était de 20€. Malheureusement plus disponible sur leur site, il se trouve d'occasion a des prix malheureusement élevés, presque le double du neuf, voire plus. Zut, il n'est pas sur ShadowZ non plus. Bon, et bien c'est dommage, mais si vous n'avez pas cette version, seul un DVD offrant un rip, une copie, d'une VHS existe pour découvrir légalement ce film.

 

Et le moins que l'on puisse dire est que ce film mérite son aspect culte. Bien qu'il possède de gros défauts je trouve, je lui reconnais de nombreuses qualités. Mais avant tout, parlons de l'histoire. Freddy (Thom Matthews) est un jeune qui débute comme "cariste". Ce n'est pas ça le terme exact, mais peu importe. L'entreprise pour laquelle il travaille est petite, et s'occupe d'expédier toute sorte de cadavres, squelettes, vue en coupe d'animaux, et j'en passe, pour des écoles de vétérinaires par exemple. Frank (James Karen) lui montre comment faire tandis que Burt (Clu Gulager), le boss, rentre chez lui, demain c'est le 4 juillet, donc un jour férié, ce qui est toujours cool.

 

Tout se passe pour le mieux, le temps pour nous d'aller voir une bande de jeunes qui se demandent ce qu'ils vont faire ce soir. Tina (Beverly Randolph) aimerait bien aller chercher son petit ami, Freddy, et tout la bande va aller voir Suicide (Mark Venturini), seul personnage véhiculé du cercle amical. Seulement il est un peu foufou, donc aller à 7 dans son antique décapotable pour attendre pendant plus de 2 heures que Freddy débauche, ça n'enchante pas grand monde. Passons, car il se trouve qu'un cimetière est situé tout proche de l'entrepôt où travaille leur ami, parfait pour tuer le temps.

 

Pendant ce temps, Frank raconte qu'une étrange cargaison est conservée précieusement ici. L'occasion de faire le lien entre "La nuit des morts vivants" et le film que nous voyons. Sans jamais citer George A. Romero, Frank explique que le film s'inspirait d'une histoire vraie, volontairement exagérée pour ne pas avoir de problème avec l'armée. Cette dernière ayant étouffé l'affaire, et malencontreusement expédiée une partie de la cargaison chez nos gusses. Qui s'empressèrent de garder ça secret. D'ailleurs, qu'à ne cela ne tienne, Frank va montrer ça à Freddy. Avec forcément une marche de l'escalier menant à la cave qui menace de céder (ça servira plus tard).

 

Effectivement, les conteneurs semblent robustes, avec les habituels marquages de l'armée, ainsi qu'un numéro à contacter en cas d'urgence. Genre, comment peut-il y avoir une urgence ? C'est du matériel de l'armée, solide comme un roc. Et c'est alors que Frank, trop sur de lui, donne une claque au conteneur, que ce dernier se perce, évacuant son gaz à travers la pièce. Nos deux collègues s'évanouissent, et le gaz est fort heureusement évacué. Après avoir recouvré leurs esprits, Freddy et Frank se demandent si c'est grave ou non.

Alors, comment dire, le gaz a bien été évacué, mais il est passé dans la chambre froide où un cadavre est exposé. Le coup de chance est que l'entreprise n'aime pas trop avoir de "la viande fraîche" en stock, et donc un seul corps est présent. Mais il retrouve une vitalité insoupçonnée. Et voilà nos 2 personnages contraints de lutter contre un bonhomme nu jaune. Ils vont avertir Burt (surtout pas les autorités malheureux), qui va trouver une solution radicale au problème. Solution qui pourrait, avec la pluie arrivant, faire retomber les fumées dans le cimetière tout proche où notre groupe de jeunes attend que Freddy ne termine sa journée.

 

D'ailleurs notons je pense, un des emblèmes de ce film, Trash (Linnea Quigley), qui a une personnalité peu farouche, n'hésitant pas littéralement à se mettre nue dans le cimetière. Ce qui offrira une des zombies les plus connues de l'histoire de la pop culture, la rousse nue à la peau blanche. Après, si on peut effectivement être admirative et admiratif de la plastique quasi parfaite de l'actrice, ce n'est pas elle qui sera la plus spectaculaire. Pour moi, le zombie du conteneur est exceptionnel. Gluant, ultra expressif avec ses yeux et sa dentition blanche écarlate, on dirait qu'il est tout le temps en train de rire. Et sa voix indiquant qu'il veut du cerveau "braiiiins" (oui, j'ai regardé en version originale sous titrée en français), sa gestuelle, tout est impressionnant.

 

Mais comme le film, il n'est jamais question d'horreur. Si ce zombie peut impressionner les plus sensibles, il est plus fascinant et drôle qu'effrayant. Alors qu'il est ultra dangereux. Passé ceci, on retrouve les poncifs du film de zombies. Les fenêtres et portes à condamner avec des planches et des pointes, des meubles, etc... Le fait que les autorités locales ignorent que faire. Agglutinant les véhicules de secours tandis que ambulanciers et policiers voient leurs cerveaux gobés par des zombies particulièrement intelligents. Un d'entre eux est capable d'appeler à l'aide à travers la Cibi. La radio si vous voulez, l'ancêtre du téléphone portable mais à courtes distances.

 

En fait, plusieurs points me font dire que ce film est difficile à prendre au sérieux. Les 2 principaux sont la bande son et la photographie. Cette dernière est trop claire, ce qui est un risque car si tes zombies sont ratés, ça se verra. Là, en l’occurrence, ça fonctionne, mais on en voit trop, résultat, il manque une part d'angoisse de ce qui se cache dans le noir. Et la bande son, beaucoup trop rock, donne de la légèreté à ce que l'on voit. Limite un aspect humoristique sur la fin. Dommage car les zombies sont efficaces (sauf le bonhomme jaune du début mais passons), et je trouve que la distribution se démerde bien.

 

D'ailleurs, parlons de cette évolution du mythe zombie. Je ne suis pas sûr, mais il est vrai que des morts vivants qui parlent, font preuve d'intelligence et courent, ça existait avant. Mais là, entre l'aspect horde, réellement angoissant, le fait qu'ils et elles sont capables de reproduire des gestes du quotidien (comme se faire passer pour un policier), de courir, ça les rend encore plus dangereux. Malheureusement, toutes ces bonnes idées (pourtant une violation du code zombiesque définit par la premier film de Romero en 1968) sont un peu gâchées par une trop grande légèreté.

 

J'avoue, j'ai passé un excellent moment devant. On ne s'ennuie pas un instant, et si j'ai dit que la distribution s'en sortait bien, ça n'empêche quelques exagérations qui fonctionnent parfaitement dans le film. La crise de panique de Frank est réaliste, même si on peut croire que l'acteur en fait des tonnes. Après tout, comment réagirions-nous devant un corps reprenant vie ? La fin est ironique, avec le colonel (Jonathan Terry) qui est tout content d'avoir accompli sa mission alors qu'il est à des milliers de kilomètres du problème, et que la méthode va certainement empirer la situation.

 

L'aspect culte de ce film est justifié. Et pas uniquement pour Trash, la zombie nue. On y trouve un état des lieux des U.S.A. des années 80, avec une jeunesse désabusée, des adultes cherchant des solutions qui ne mettront pas en péril leur entreprise, et l'autorité suprême, l'armée, totalement détachée de tout ça. Le film peut paraître stupide, mais il cache un message que chacune et chacun interprétera à sa manière. Les personnages ont des réactions logiques. Et je trouve que dans l'ensemble, c'est bien réalisé. Certes, c'est un peu stupide par moment, mais ça passe. Mon gros regret reste l'angle "comique" prit par le film. Pas forcément comique, mais léger. La faute à une photographie trop claire et une bande son qui donne envie de se trémousser, pas assez angoissante.

 

C'est, pour le coup, l'inverse de la première trilogie de Romero, un produit pop culture par excellence, même si il est loin d'être stupide pour autant. J'ai aimé, et il est dommage de ne plus pouvoir trouver la version LE CHAT QUI FUME, car elle est blindée de bonus intéressant, doublant voire triplant la durée du film (qui est de 90 minutes, j'ai oublié de le dire). Si vous aimez les zombies, il est à voir, par contre ce sera surement dans une version moche. Même ainsi, je vous invite à le découvrir. J'ai aimé.

 

@+

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