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Cultivons la curiosité

L'Apocalypse selon Godzilla : Le Japon et ses monstres

L'Apocalypse selon Godzilla : Le Japon et ses monstres

En décembre 2017, la vérité explosa aux yeux de toutes et de tous. Malgré quelques déclarations éparses, datant du "Godzilla" de 2014 signé Gareth Edwards, j'ai fait mon coming out version Kaiju. J'aime les films de gros streums en caoutchouc, spécialement le roi de tous, j'ai nommé Godzilla. Ou Gojira en version originale. Bon, en vérité c'était en décembre 2016 que j'avais fait cette déclaration d'amour, avec "Gamera : Le monstre géant", mais sans vraiment aller plus loin avec la gigantesque créature qui arrivât dans les cinémas japonais en 1954 avec "Gojira" de HONDA Ishirô.

Ainsi, avec la remise en avant de Gogo (le petit surnom que je lui donne) grâce à Legendary et son Monsterverse, pas mal d'ouvrages s'intéressent au seul et unique roi des monstres. Mad Movies publiera un hors série monstrueux, les éditions Aardvaak sortiront un pavé immense sur les Kaiju, et Third éditions mis à disposition le livre de Thomas Girogetti et Nicolas Deneschau en ce 8 avril 2021. Trois cents pages qui parleront de Godzilla, plus particulièrement de sa filmographie. Sous titré "Le Japon et ses Monstres", un lien sera systématiquement effectué entre la situation du pays du Soleil levant avec les différentes ères qui accompagneront Gogo dans les salles obscures.

Mais avant tout, les auteurs débutent par un choc. Trois pages d'une violence inouïe, durant lesquelles on se dit, à tort, que c'est l'arrivée de l'immense Kaiju qui provoque cette catastrophe. Non, il s'agit simplement de l'évocation du premier bombardement de Hiroshima en ce funeste jour du 6 août 1945. Le ton est donné, l'horreur n'est pas occultée et les auteurs osent d'emblée le parallèle avec ce choc qui créera une des stars les plus iconiques de la pop culture.

Au début hostile à l'Humanité, Gogo passera par divers états à travers sa carrière cinématographique. Le livre est scindée en 7 grandes parties. La première pose les bases du Japon d'avant 1954. Mais c'est même limite un cours d'histoire de l'archipel. On y découvre la volonté expansionniste du pays à la fin du XIXè siècle, mais aussi que la seconde guerre mondiale débuta bien avant 1939 en Asie. Une fois de plus, il n'est pas question du Japon magnifié, on nous décrit les faits historiques, dans toute leur horreur. Il en va de même pour la seconde guerre mondiale, et l'abdication. Ainsi que la tutelle étasunienne qui suivit. La première partie est courte, mais violente. C'est pour mieux introduire HONDA Ishirô. On en apprend plus sur le réalisateur, mais aussi sur TSUBURAYA Eiji qui s'occupera des effets visuels. Bon, ceci est pour la deuxième partie.

Celle-ci nous explique en détail la préproduction, mais aussi la naissance de l'idée, du tout premier film "Gojira". Et c'est bluffant, passionnant à lire du début à la fin. Je n'arrive malheureusement pas à me souvenir de tous les noms, mais le projet verra moult talents s'associer pour offrir le film que nous connaissons aujourd'hui. Le premier film méritait un tel développement dans le livre, et c'est du régal à lire. Ensuite, nous parcourrons les différentes ères. Avec toujours cette volonté de nous expliquer la préproduction des divers films, les changements d'orientations. On aura droit évidemment à l'anecdote Jet Jaguar, gentil personnage qui s'associera avec Godzilla pour vaincre un duo de monstres retord et qui fût dessiné par un jeune Japonais.

On aura évidemment, tout le long du livre, d'autres œuvres majeures citées. Les films de monstres de la Universal, tel que Dracula ou la créature du docteur Frankenstein. Gamera aussi sera citée. Tout comme Ultraman d'ailleurs. Pour la tortue géante, elle sera en partie responsable de certains changements de direction pour Gogo. Il deviendra allié de l'Humanité (ou des Japonais et Japonaises plutôt), quitte à le rendre ridicule avec des prises de catch improbables. On se rend compte que c'est surtout la trilogie des années 90 signée KANEKO Shûsuke qui va pousser la Toho à moderniser son monstre. Surtout après l'échec étasunien de la version de Emmerich. Une version sabordée par le fait que le réalisateur détestais le monstre et voulais faire son "Jurrasic Park". Une fois de plus, tout ceci est parfaitement détaillé dans ce livre.

KANEKO Shûsuke mettra même en scène un des films de l'ère Millénium. Une ère dont je ne possède que "Godzilla : Final Wars" en sous titré français. J'ai les autres en version originale sous titrée en... allemand... oui. Mais le truc qui va bien, c'est qu'avec ce livre, on a la préproduction, le résumé, et aussi comment il fût accueilli par le public et les critiques. Résultat, j'ai compris beaucoup de chose sur "Godzilla 2000" et "Godzilla : Tokyo S.O.S.".

L'ère Millénium fût la plus complexe pour la Toho. Allant de reboot en reboot, seuls "Godzilla x Mechagodzilla" de 2002 et "Godzilla : Tokyo S.O.S." de 2003 se font suite. On apprend les difficultés qu'ont eu le studio mais aussi les personnes travaillant sur les différents projets, ce qui explique le fait que Gogo se cherche entre la fin du XXè et le début du XXIè siècle. D'ailleurs, on comprend mieux le côté très foutraque et délirant du "Godzilla : Final Wars", la Toho voulant célébrer en grande pompe les 50 ans de notre monstre préféré, avant de le mettre au placard un temps incertain. Sorte de bouquet final où rien n'a de sens, juste du fun.

IFUKUBE Akira, compositeur emblématique du premier film sera aussi évidemment cité à plusieurs reprise. Tout comme les autres compositeurs. On apprendra pourquoi HONDA et IFUKUBE ne reviendront pas sur certains épisodes, tandis qu'on les revoit un peu plus tard. Alexandre Desplat ("Godzilla" 2014), Bear McCreary ("Godzilla II : Roi des Monstres" de 2019) et SAGISU Shirô ("Shin Gojira" de 2016) sont aussi présents. Rapidement, mais on a droit à un court passage sur eux lorsque les films concernés sont évoqués.

Car oui, même le Monsterverse et la vision de ANNO Hideaki et HIGUCHI Shinji de 2016 seront présentes. Et j'ai ainsi, grâce à une partie dédiée à ce film, pu mieux comprendre "Shin Gojira", que je dois revoir vu que j'ai enfin chopé le BluRay sous titré en anglais. Enfin bon, je vais passer à la conclusion, parce que sinon je n'en finirais jamais d'en parler.

C'est bien simple, ce livre possède un défaut. Il va vous donner envie de voir les films dont il parle. Les auteurs ont effectué un tel travail de recherche, que l'on se retrouve à connaître une tonne de choses sur chacun des films. Même la version mal aimée de Emmerich. Seulement, hormis les films étasuniens et "Godzilla : Final Wars", il est difficile de pouvoir voir ces films de façon légale sans se ruiner. On peut ajouter "Shin Gojira" si on comprend l'anglais. Posséder un lecteur DVD multizone est aussi une bonne chose si l'on comprend l'anglais, mais ça reste onéreux malgré tout.

À priori il ne faut pas trop compter sur les 3 films d'animation sortis sur Netflix à la fin des années 2010 pour ravir votre soif de Gogo. Non, le gros défaut de ce livre est cette fièvre que les auteurs transmette, celle de voir les films dont on vient de lire le processus créatif, ainsi que les raisons qui ont fait prendre telle ou telle décision à la Toho. C'est sublime du début à la fin, un régal à lire, je le conseille à tous et toutes les fans du grand Kaiju, mais aussi aux personnes appréciant le cinéma en général. J'en profite pour remercier Inod sans qui cette chronique n'aurait pas été possible.

Bref, un superbe livre, enrichissant, qui vaut largement les 30€ demandés, surtout si l'on est un minimum cinéphile. À avoir dans toute bonne bibliothèque qui se respecte. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais je trouvais ça classe pour conclure. Achetez-le, lisez-le, puis bossez votre anglais en mettant des sous de côté, car vous voudrez à coup sûr voir la grosse trentaine de films de cette saga qui n'est pas prête de s'achever.

@+

P.S. : Quand je repense que mon amour du Kaiju Eiga date de ma vision de "YongGary", un mauvais film que j'ai vu au début des années 2010, et que dans la foulée je me suis pris des DVD de Godzilla en version originale sous titrée en français, aujourd'hui disponible à un prix prohibitif, je me dis que parfois, ça tient à peu de chose quand même.

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